
Ghassen Fendri est un musicien pas comme les autres. Le parcours du guitariste le plus atypique de la scène musicale est à son image, riche en surprises et en rencontres inattendues.
Ghassen Fendri est un mystère que nous allons essayer de décoder…
Ses jeunes années …
Pour ce jeune artiste qui a la révolte pour seconde identité, la musique a été une évidence. Dès son plus jeune âge, ses petits doigts d’enfant ont commencé à découvrir l’univers fascinant des notes : Une passion est née ! Grâce au soutien familial et à l’encouragement de son entourage, il a poursuivi son rêve. Entre expérimentation et curiosité, durant ses années d’apprentissage, Ghassen a voulu explorer tous les instruments, à la recherche de celui qui lui correspondait le plus.
A 18 ans, en rejoignant les rangs de l’Institut Supérieur de Musique de Sfax, il n’avait jamais joué de la guitare de toute sa vie. Pour lui, ce fut cette première année universitaire qui a signé ce baptême. Très vite, il se découvre un don inné pour l’instrument qui l’accompagnera désormais pour le reste de son parcours.
Un instrument unique …
La guitare de Ghassen porte une histoire intéressante. A un artiste comme lui, il fallait un instrument tout aussi excentrique. Le groupe japonais Ibanez qui évolue dans le domaine de fabrication de guitares et d’instruments, a conçu une guitare pour l’artiste jordanien Kamel Mousallem, qui joue également du luth. C’est un instrument assez particulier puisqu’il contient des frettes supplémentaires pour jouer les 1/4 de temps.
Il atterrit finalement chez Ghassen Fendri qui va le métamorphoser à nouveau en changeant totalement les frettes, le sillet, la mécanique, et en y intégrant des micros. Toutefois, le résultat étant encore insatisfaisant, d’où l’idée d’y rajouter des cordes à filet plat.
Etre artiste : échange et partage
On retrouve l’empreinte de Ghassen dans plusieurs projets, aussi bien en tant que guitariste qu’en tant que directeur artistique : Nassredine Chebli et son projet « Fallega », Hassen Doss ou encore Abderrahmen Mohamed.
Grâce à sa résidence artistique qui a eu lieu à la Cité des arts à Paris, et où il s’est confronté à des artistes de plusieurs domaines; Sound(e)scape a commencé à se dévoiler doucement. Parallèlement à son projet personnel, il part à la découverte de répertoires d’artistes du monde.
Il parle notamment de sa collaboration avec Lady Apoc, qui est une chanteuse Togolaise évoluant dans le vaudou rock. Pour décrire son univers, Ghassen l’assimile au Stambeli; évoquant encore une fois les similarités des musiques africaines et leurs racines communes.
Aussi, sa rencontre avec Zied Zouari est un moment transitoire de sa carrière. Deux univers totalement différents ont trouvé un terrain commun qui évolue au-delà de tout ce à quoi on peut nous attendre.
Zied Zouari, l’ami, le collaborateur, le compagnon de scène; mais aussi le professeur et le guide dont la sagesse et l’expérience ont profondément imprégné la manière dont Ghassen Fendri aborde la création. De ces moments de partage est née l’idée d’un projet intriguant qui verra le jour, entre Tunis et Paris.
Sound(e)scape….
Après avoir reçu le prix Dar Eyquem pour son projet Sound(e)scape, lors de la 6ème édition des JMC, Ghassen décrit cette expérience en solo comme un défi personnel et artistique. Le risque est de taille. Le trac persiste. Or, il suffit d’être sur scène et de ressentir cette dynamique avec le public pour alimenter le jeu et mesurer le flux de l’énergie qui s’échange entre l’artiste et son audience.
Le digital et l’électronique font des créations de Ghassen Fendri une oeuvre insaisissable qui prend à chaque fois un aspect différent. Ils restent toutefois au service de la musique pour cette performance que l’on voit naître en live. Il a recours à des logiciels comme APC40, Push, MPK mini…. Les possibilités sont désormais infinies !
Il faut mentionner que la version en solo de Sound(e)scape présentée lors des JMC n’est pas la version intégrale du projet dans la mesure où il s’agit d’une collaboration avec d’autres musiciens qui participent à ce projet en guests. Nous pouvons citer le jeune chanteur Islem Jemaï (NB: ce dernier était présent sur scène à travers un enregistrement vocal), Salih Jbeli, Houda l’épouse de Ghassen, Aida Nusrat, la chanteuse iranienne; ou encore Hafidh Bidei, chanteur et musicien algérien.
On ne peut pas rester neutre face à Sound(e)scape: ce projet ébranle, émeut, et interpèle. Ghassen se souvient de sa performance du 6 septembre à Paris, durant laquelle les spectateurs des premiers rangs pleuraient ! Au-delà d’une création qui évolue constamment et se métamorphose à chaque représentation, Sound(e)scape est une immersion complète dans le processus créatif d’un artiste inclassable.
Très ému en parlant de sa performance notable aux JMC, il a aussi salué l’organisation exemplaire de cette édition 2019 et toute l’équipe derrière cette réussite, qui a eu des échos positifs dans la communauté musicale mondiale. Il parle d’ “un espoir retrouvé” et de la nécessité de continuer à fructifier ce succès et à exceller.
Des possibilités infinies ….
Selon Ghassen, partir à l’étranger devrait constituer avant tout une occasion d’apprentissage et de rencontres créatives, pour encore mieux contribuer à transformer la scène locale. Il ne devrait pas être question d’une fuite désenchantée mais bien d’un passage qui aura le mérite d’enrichir l’artiste et de l’orienter. Parlant de ses futurs projets, il sera entre Paris, Tunis et l’Angleterre pour les mois à venir. Il y a aussi la nouvelle d’une collaboration où il s’associera à Ymelda Marie-Louise, la célèbre chanteuse martiniquaise, pour créer un projet pour enfants : une pièce de théâtre dont il prend en charge la composition musicale.
Que de belles perspectives !